Les cinq droits essentiels à retenir pour les personnes âgées

La vieillesse n’est pas une parenthèse, c’est une réalité qui s’impose avec ses exigences et ses droits. Les droits des personnes âgées ne relèvent pas d’un simple affichage : ils structurent le quotidien des aînés et dessinent les contours d’une société qui assume sa responsabilité envers ses membres les plus âgés. Connaître ces droits, c’est refuser l’indifférence et exiger que chacun puisse vieillir dans des conditions décentes, sans être relégué au second plan.

Le droit à la dignité et au respect

La dignité des personnes âgées ne s’envisage pas comme une faveur, mais comme une exigence inscrite dans la loi. En France, ce socle s’appuie sur plusieurs textes fondateurs. La liberté de circulation reste un principe intangible, que l’on vive chez soi ou en établissement, comme en Ehpad. Ce droit ne disparaît pas sous prétexte de dépendance ou de fragilité.

Voici ce qui encadre concrètement ce principe :

  • La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, la Constitution française et la Charte des droits et libertés de la personne accueillie dans les établissements sociaux et médico-sociaux affirment ce droit pour tous, sans distinction.

Liberté de circulation en Ehpad

Entrer en Ehpad ne signifie pas renoncer à sa liberté de mouvement. Un résident peut quitter l’établissement pour quelques heures ou plusieurs jours, sans avoir à justifier d’un motif particulier. L’Ehpad ne peut s’opposer aux sorties qu’en s’appuyant sur des raisons précises et motivées. Dans la pratique, certaines situations particulières conduisent à des restrictions :

  • Les personnes présentant des troubles cognitifs importants, comme la maladie d’Alzheimer, peuvent voir leur liberté de sorties encadrée pour leur sécurité.
  • Des difficultés de mobilité majeures peuvent également conduire à des mesures d’accompagnement ou de limitation.
  • Un traitement médical lourd nécessitant une surveillance rapprochée peut aussi justifier certaines précautions.

Mesures de protection juridique

Il arrive qu’un juge décide d’une mesure de protection juridique (tutelle ou curatelle), restreignant la liberté de circulation d’une personne âgée lorsque sa vulnérabilité l’exige. Chaque Ehpad dispose d’un règlement intérieur précisant les modalités des sorties, mais ce cadre doit respecter la loi. Un refus infondé d’autoriser une sortie peut faire l’objet d’une démarche auprès de l’Agence Régionale de Santé (ARS). La période du Covid-19 a montré à quel point ces droits peuvent être fragilisés. Les restrictions, même motivées par la sécurité, ne doivent jamais devenir la norme silencieuse.

Le droit à l’autonomie et à la participation sociale

Vieillir ne signifie pas s’effacer. Le droit à l’autonomie et à une participation active à la vie sociale sont affirmés pour que chacun puisse continuer à faire des choix et à s’impliquer, quels que soient son état de santé ou son niveau de dépendance. Ce principe mobilise autant les proches que les professionnels du secteur médico-social.

Maintien à domicile

Pour préserver l’autonomie, le maintien à domicile reste la solution la plus plébiscitée. Il permet de rester dans un cadre familier, tout en profitant de soutiens adaptés. Plusieurs aides structurent ce maintien :

  • L’allocation personnalisée d’autonomie (APA), qui prend en charge une partie des frais liés à la perte d’autonomie.
  • Des services d’aide à domicile, capables d’intervenir pour l’accompagnement quotidien ou ponctuel.
  • Le rôle irremplaçable des aidants familiaux, souvent les premiers soutiens dans le quotidien et les démarches.

Participation sociale

Rester acteur de sa vie sociale évite l’isolement. Cela passe par plusieurs formes :

  • Participer à des activités culturelles, sportives ou de loisirs, pour entretenir le lien avec les autres et nourrir la curiosité.
  • S’investir dans des associations ou des groupes de bénévolat, pour continuer à transmettre, apprendre et rencontrer.
  • Recourir à des formations pour découvrir de nouvelles compétences ou approfondir ses passions.

Adaptation de la société

Permettre cette autonomie et cette participation suppose aussi des ajustements collectifs :

  • Adapter l’accessibilité des espaces publics et privés.
  • Former les intervenants du secteur médico-social pour mieux comprendre et anticiper les besoins des personnes âgées.
  • Développer des politiques permettant à chacun de vieillir activement, sans être freiné par des obstacles évitables.

C’est à ce prix que l’on donne toute sa portée à la notion de vieillir dignement, en choisissant son rythme et ses engagements.

Le droit à la protection et à la sécurité

Protection contre les abus

La vulnérabilité liée à l’âge ne doit jamais ouvrir la porte aux abus. Les violences physiques, psychologiques ou financières doivent être combattues avec la plus grande fermeté. Les établissements comme les services à domicile sont tenus de prévenir ces situations et de réagir sans attendre en cas de signalement. Une plainte auprès de l’Agence Régionale de Santé (ARS) reste la voie à suivre en cas de manquement constaté.

Sécurité sanitaire

La crise du Covid-19 a bouleversé les protocoles de sécurité sanitaire en Ehpad. Pour protéger les résidents, des règles strictes ont été mises en place :

  • Imposer une quarantaine pour les arrivants ou après une hospitalisation.
  • Renforcer la désinfection des espaces communs.
  • Assurer une surveillance médicale attentive pour repérer les symptômes rapidement.

Encadrement des sorties

La liberté de sortir des Ehpad subsiste, mais elle peut être ponctuellement encadrée pour des motifs de sécurité, notamment en présence de troubles cognitifs ou de mobilité. Parfois, une décision de justice (tutelle ou curatelle) vient encadrer la situation, toujours dans l’intérêt de la personne concernée.

Recours en cas de litige

Si une sortie est refusée sans justification valable, résidents et proches disposent du droit de saisir l’ARS avec une plainte. Cette démarche vise à garantir que la liberté de chacun ne soit pas entravée sans raison légitime.

personnes âgées

Le droit à l’accès aux soins et aux services

Soins médicaux adaptés

Un accompagnement médical de qualité n’est pas un luxe, c’est un droit. En Ehpad, les équipes médicales doivent assurer une prise en charge sur-mesure, ajustée à l’état de santé de chaque résident. Le médecin coordonnateur évalue les besoins et met en place les traitements adéquats. L’accès aux soins palliatifs doit être garanti, pour permettre d’affronter la fin de vie dans la dignité et le confort.

Services sociaux et d’accompagnement

À domicile, l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) ouvre la voie à une palette de services : aide au ménage, portage des repas, accompagnement pour les sorties. Les services sociaux locaux analysent chaque situation et construisent, avec la famille, un plan d’aide sur-mesure, au plus près des besoins réels.

Accès à la télémédecine

Consulter son médecin depuis chez soi ou de l’Ehpad, c’est désormais possible grâce à la télémédecine. Ce suivi à distance, qui s’est imposé dans les zones rurales ou pour les personnes à mobilité réduite, facilite l’accès aux spécialistes sans déplacement pénible. Encore faut-il que les établissements mettent à disposition tablettes et connexion internet pour éviter toute exclusion numérique.

Rôle des aidants familiaux

Le soutien des proches reste un pilier. Les aidants familiaux, qu’ils accompagnent à domicile ou en établissement, participent aux décisions de soins et à la vie quotidienne. Pour leur permettre d’assurer ce rôle sans s’épuiser, des formations et un appui psychologique doivent leur être proposés. C’est souvent dans l’ombre que leur engagement fait la différence, et leur accompagnement mérite d’être reconnu à sa juste valeur.

Vieillir, c’est aussi exiger que ces droits ne restent pas lettre morte. Ils sont le reflet d’une société qui se regarde en face et assume le devoir d’accompagner chacun, jusqu’au bout du chemin.

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